Né dans l'Iowa en 1938, fils de mineur ayant reçu une éducation très chrétienne, Simon Estes ne se destinait pas du tout à une carrière lyrique. C'est un jeune étudiant aimant les chants religieux (il chante dans les choeurs de l'Université d'Iowa... comme ténor !) qui est repéré par un professeur, Charles Kellis; celui-ci recadre sa tessiture en baryton-basse, lui fait découvrir l'opéra et les techniques de chant. Il gagne une bourse d'études complète à la prestigieuse Juilliard School de New York en 1963; deux ans plus tard il fait ses débuts en Ramfis dans l'Aïda de Verdi.

On a pu ensuite le voir sur nombre de grandes scènes lyriques, de La Scala au Metropolitan, de l'Opera de Zurich à Covent Garden, de l'Opéra de San Francisco à l'Opéra de Vienne, du Festival de Salzburg au Festival de Bayreuth. Des seconds rôles souvent, dans des opéras italiens ou français (Aïda, L'Africaine, Lucia di Lammermoor, Les Contes d'Hoffmann, Carmen). Mais aussi des rôles majeurs comme Philippe II (Don Carlo de Verdi), Boris Godunov (Mussorgsky), Jochanaan (Salomé de Strauss), Mephistofele (Faust de Gounod), et bien sûr Porgy (Porgy and Bess, de Gershwin).

Pourtant, c'est sans doute dans Wagner que Simon Estes fera le plus parler de lui. En 1978, il devient le premier chanteur noir à se produire au Festival de Bayreuth (avant lui, la première chanteuse noire fut Grace Bumbry), qui plus est dans un rôle majeur : le Hollandais. Sa performance est telle qu'il reprendra ce rôle à Bayreuth les 6 années suivantes. En 1985, il incarne à nouveau le Hollandais dans une version cette fois filmée (sous la direction de Woldemar Nelsson); une représentation remarquable qui constitue encore aujourd'hui l'une des plus belles versions disponibles en dvd (voir Der fliegende holländer). La même année à Bayreuth il sera aussi l'Amfortas de James Levine (une version d'ailleurs controversée, qui vaut surtout pour la performance de Waltraud Meier).

Les portes du Metropolitan, qui lui sont restées fermées jusque là s'ouvrent au début des années 80; il y fera ses débuts dans le Hermann du Tannhauser de Wagner, aux côtés de Leonie Rysanek. On l'y entendra ensuite dans l'Amfortas du Parsifal de Wagner, ou encore dans l'Orest de l'Elektra de Strauss. En 1982 il partage le rôle de Wotan avec James Morris, sous la baguette de James Levine. En 1985, il chante Porgy and Bess de Gershwin, jamais représenté au Metropolitan jusqu'alors. La même année, il est l'Amonasro de la dernière Aïda de Leontyne Price (avec aussi McCracken et Cossotto). Enfin, en 1986, il incarne à nouveau Wotan dans la Tétralogie du Met produite par Otto Schenk. Il chantera encore occasionnellement au Met, jusqu'à son dernier Amonasro en 1999.

Outre une reconversion assez habituelle dans l'enseignement (au Wartburg College, à Waverly, Iowa; mais a aussi à la Juilliard School), Simon Estes s'est distingué par son investissement personnel dans des oeuvres humanitaires (sur des thèmes centrés essentiellement sur la santé des enfants, la pauvreté et le sida).

Le disque réédité par Newton reprend le récital Wagner enregistré en 1980 avec la Staatskapelle de Berlin dirigée par Heinz Fricke. Il nous propose Simon Estes dans le rôle de Wotan (le Monologue de l'Acte 2 et les Adieux de Wotan à l'Acte 3 de la Walkyrie), le rôle d'Amfortas (le Monologue de l'Acte 1 de Parsifal), et le rôle du Hollandais (le Monologue de l'Acte 1). Il est secondé par la soprano Eva-Maria Bundschuh en Brünnhilde, et Heinz Reeh en Titurel.

Estes s'y montre en vrai (et rare) baryton héroïque. Un chant puissant et généreux, maîtrisé et intelligent, à l'articulation saisissante; une voix sombre et suave, magnétique même, avec un timbre riche et intense, et ce côté chaleureusement velouté qui ajoute une note particulière à ces rôles wagnériens.
Un excellent récital, célèbre à juste titre, qui culmine sans doute dans le Hollandais, le rôle fétiche dans lequel Estes tutoie les meilleurs.

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Category	Arias

Wagner: Arias